L’Artiste musicien camerounais a présenté son album « Prélude » ce 18 Juillet 2014 à la Fondation Tandeng Muna à Yaoundé. Il revient sur les grands traits de cette production de 9 titres mais aussi sur sa philosophie dans un contexte de mondialisation.
Vrjmusic- La tendance aujourd’hui pour la nouvelle génération des artistes camerounais est de faire leur entrée dans l’univers musical par un single. Toi, c’est vrai tu n’es pas à ta première expérience, mais tout s’apparente à un départ avec cet album complet. De quoi est-il constitué ?
SHAKRA- C’est certainement prétentieux de ma part avec ce départ par un album complet de neuf titres. Mais il faut dire aux mélomanes que c’est le résultat de 07 ans de travail. Ce qui montre ma vision dans ce secteur : j’y suis pour faire carrière. L’album nous offre du Coupé-Décalé ; du Bikutsi fait à ma façon, de l’Afropop grâce à une collaboration avec un artiste nigérian. Il y a aussi du Slow RnB puisque c’est par là que j’ai commencé mes premier pas dans la musique.
Quand on écoute les paroles du titre « Lâches Toi » par exemple, l’on a l’impression que tu réponds à une catégorie de personnes : « Qui a dit qu’un camerounais ne peut chanter du Coupé-Décalé… » Est-ce une gifle les artistes ivoiriens ?
Réellement je ne m’adresse pas aux artistes ivoiriens que je respecte d’ailleurs et qui apprécient déjà cette chanson. Ce message concerne certains Dj travaillant au Cameroun. Je leur offre du grain à moudre. Dans la plupart des points chauds de notre pays, c’est le Coupé-Décalé made in Côte d’Ivoire qui est servi à longueur de journée. Il faut atténuer cette domination culturelle en leur offrant ce tube Lâches-Toi par exemple. J’offre une variété et une touche particulière aux DJ camerounais.
Elle est bien là cette touche particulière puisque tu associes du Rock au Coupé-Décalé. Que recherches-tu ?
C’est l’ouverture au monde. Le Rock au Coupé-Décalé, les gens ont trouvé ça bizarre mais je veux dire aux fans que Shakra veut aller au-delà des frontières nationales. Nous sommes en pleine mondialisation culturelle nous nous devons de prendre des choses d’ailleurs, les acclimater à notre contexte afin de vendre notre originalité au monde, d’où ce syncrétisme culturelle qui oriente l’album Prélude que j’offre au public. C’est pourquoi j’ai également choisi l’espace de la Fondation Tandeng Muna, dont on connait l’importance dans l’histoire de notre pays.
Dans le vidéogramme de Lâches-Toi, tu cites volontairement et de façon marquée Tony Nobody. Est-ce le parrain de l’artiste Shakra ?
Shakra est le produit de beaucoup d’année de travail. Forcément j’ai aussi fait le rencontre de plusieurs personnes. Tony Nobody, c’est le grand frère qui m’a fait passer à la télé pour la première fois. C’est aussi lui qui a très tôt vu en moi des gestes de star. Il est d’ailleurs responsable à 50% du look que je représente aujourd’hui. Il m’a permis de croire en moi. Il faut faire des choses autrement. Mais dans cet album, je tiens à remercier Allan, le Guitariste de Queen Etemé, qui, spontanément m’a accompagné dans plusieurs titres. Ce n’est pas parce qu’il n’est pas aujourd’hui à mes côtés, je ne sais d’ailleurs pas où il est, mais je lui dis merci pour ce geste et de la touche qu’il a apporté à ce travail. Tout comme Ben Basse qui a eu l’honneur d’accompagner Manu Dibango le 18 mai dernier lors des festivités de la célébration de la Fête Nationale du Cameroun. Il y a aussi Joël Le Magnific et Kris qui ont su mettre leur génie dans les arrangements de cet album.
Mais Shakra, tu sembles avoir été favorablement accueilli par ces ainés. Qu’est ce qui fait cette particularité…
Shakra pour ceux qui ne le savent pas est un signe gotique. Je suis donc resté dans l’innovation. Un Shakra, c’est un signe particulier, une constellation d’énergie. Les 07 Shakras représentent les 07 énergies vitales de l’être humain. Quand elles jaillissent, c’est pour faire boom. Sur le plan musical, les sept Shakra représentent aussi les 07 notes de musiques. Il y a donc un accord entre tous les plans dynamiques et musicaux. C’est d’ailleurs ce qui transparait dans nos supports promotionnels et il en sera de même durant toute notre carrière. Seules des innovations contextuelles seront apportées pour répondre aux attentes du public.
Pour sortir, je sais que tu es inscrit depuis bientôt quatre ans en Science politique à l’Université de Yaoundé II- Soa. Quelle importance ce double parcours a pour ta vie ?
C’est une chance que je fasse partie du département de science po de Soa, une discipline noble qui ne s’offre pas au premier venu. Quand je fais allusion au concept d’Ouverture, d’Unité, je mesure le poids de tous ces mots. Et dans un contexte de mondialisation, il faut penser à dépasser les aspects économiques et politiques. La mondialisation est d’abord culturelle. Il faut donc être rigoureux aujourd’hui pour espérer corriger les déséquilibres qu’on connait aujourd’hui dans tous les domaines sur la scène internationale. Notre équipe a la volonté de suivre les pas des aînés, dont le génie fait honneur à l’Afrique en général et au Cameroun en particulier.
Propos recueillis par Pierre Le Grand